
ACTUALITÉS FINANCIÈRES
Le dollar, les BRICS et l'or

Vous vous souvenez peut-être de ce livre écrit dans les années nonante, qui pronostiquait la « fin de l’Empire américain ». Aujourd’hui, je vous propose de faire un petit tour d’horizon des dernières nouvelles économiques et politiques, qui corroborent la thèse émise par son auteur français et d’en tirer des conclusions pour éviter de possibles risques dans vos investissements.
Partant des constats suivants :
- De nombreux pays ont établi des échanges commerciaux dans leurs propres devises en évitant le dollar. L’Euro a pris une place importante dans les échanges faisant concurrence au dollar dans les réserves de Banques centrales ;
- Le pétrole a baissé de USD 110 en 2014 à USD 30 en janvier 2016, provoquant une énorme crise au sein des pays producteurs causant une augmentation de la production dans les pays arabes et un gel des prospections et des productions du gaz de schiste aux Etats-Unis. Il a privé depuis les Etats-Unis de l’arme de hausse ou de baisse envers les pays producteurs récalcitrants (Venezuela, Russie, Iran, Iraq, Arabie Saoudite) ;
- Les pays arabes ont vu leurs revenus pétroliers baisser mais en partie compensés par une augmentation de la quantité produite ;
- Pour la première fois de son histoire, l’Arabie Saoudite a emprunté plus de USD 7 milliards, passant ainsi d’un pays possédant des créances en dollars à un statut de débiteur ;
- Les pétrodollars issus de la vente de pétrole et de gaz ont été principalement investis afin de financer les dettes américaines (instances gouvernementales, sociétés et institutions bancaires) et afin d’en tirer des intérêts sur le capital placé. Les rendements actuels étant proches de zéro, ces placements pourraient être retirés et placent la Banque Centrale américaine dans une situation inconfortable de « dédollarisation » ;
- La perte d'influence du pétrodollar que l'Amérique avait jusqu'ici réussi à imposer comme référence économico-monétaire internationale semble irréversible du fait de la baisse de confiance et d’un changement progressif de la production d’énergie plus écologique ;
- Les 4'000 milliards de réserves que la Banque Centrale Chinoise détenait ont chuté à 3'200 milliards suite à ses interventions musclées sur les marchés des devises. Cette statégie est en ligne avec la politique d’acquisitions d’infrastructures dans le monde (ex. Port de Pirée) pour échanger ses réserves de dollars contre des biens matériels ;
- La création d’une bourse de l’or physique à Shangaï pour la demande interne et d’une instance gouvernementale (China Foreign Exchange Trading System) pour l’échange intérieur des métaux précieux permet une convertibilité de Yuan (monnaie chinoise) en or, argent, etc. ou réciproquement. Depuis le début de 2016, la Banque Centrale de Chine a mis en fonction un système interbancaire de ventes et d’achats d’or. Les deux institutions mentionnées, filiales de la Banque Centrale, se partagent les responsabilités ;
- L’achat d’or de l’Inde et de la Chine depuis une dizaine d’années et le stockage de l’entière production de métaux précieux en Chine démontrent la volonté d’un changement des fondements du système monétaire international ;
- La création et la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) a insufflé un vent nouveau dans les organisations internationales mais aussi dans les solutions proposées afin de sortir de la Grande Récession ;
- L’AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank) a été créée en 2016 afin d’offrir d’énorme ressource de financement des infrastructures et promouvoir la politique de développement de la Nouvelle Route de la Soie, traversant par mer ou par terre, de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe ;
- La NDB (New Development Bank), inaugurée il y a quelques mois, prévoit de fournir des financements d’infrastructure aux pays émergents dans des projets de développement durable ;
- Ces deux nouvelles organisations, qui se démarquent de la Banque Mondiale et du FMI (instances issues des accords de Bretton Woods), ont recu un capital de USD 200 milliards chacune afin de développer une politique de financement différente des organismes actuels ;
- La Chine et la Russie organisent un front uni contre la politique américaine mais surtout contre sa politique économique menée par Wall Street ;
- Dès le 1 er mai 2016, la généralisation de la TVA en Chine permet une réforme fiscale en lien avec le plan quinquennal ;
- La montée en puissance de la Russie dans la résolution des conflits mondiaux renforce son rôle au sein des BRICS. D’autre part, la baisse de ses recettes pétrolières la pousse à développer de nouvelles industries qui la rendront plus indépendante dans le futur (civil et militaire) ;
- Notons aussi que la Chine a diminué son budget de la Défense pour 2016 afin de relancer son économie intérieure et afin de réorganiser son système bancaire.
Conclusion :
Sous l’impulsion de la Chine, les BRICS avancent dans le monde de demain. Lors de visites en Inde ou en Chine, j’ai été surpris de constater l’activité qui y règne, le rattrapage économique qui y a déjà été fait et les nombreuses mesures mises en place pour se développer ensemble. Actuellement, ces pays s’organisent pour être indépendant du système mis en place depuis les accords de Bretton Woods, dont ils n’ont pas participé, et créer leurs propres solutions. Ils se préparent déjà à un monde issu de la prochaine crise financière, dont l’or sera probablement un des poids central de la reconstruction et les devises telles que Real, Rouble, Roupie, Yuan et Rand, un panier permettant l’échange commercial multipolaire.
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Décembre 2016
Jean-Pierre Riepe


